Mesures 5G à Genève (Champel ) : le principe de précaution n'est pas respecté

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Mesure de l'irradiation en 5G et 3G/4G au parc de jeux des Falaises à Genève
2021 04 27 Mesures 5G Parc des Falaises
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Contexte : Antenne-relais 5G à proximité d’un parc de jeux pour enfants

Le parc des Falaises, sur les hauts de Champel en bordure des falaises de l'Arve, orné de beaux conifères, offre un terrain de jeux magnifique pour les enfants, à l'écart de la ville mais hélas pas des ondes électromagnétiques ! En effet, plusieurs antennes-relais trônent au sommet de l’immeuble qui délimite le parc, chemin de Beau-Soleil.

Dans ce quartier, une "pétition contre les ondes nocives de la 4G+ et 5G" a été lancée en octobre 2020 [1] et j'ai recueilli le témoignage oral [2] de plusieurs personnes se plaignant de troubles contemporains aux récentes modifications d'antennes, lesquelles se sont faites malgré le moratoire sur la 5G adopté par le canton de Genève [3].

L'article étant assez technique, je vais essayer de clarifier les principes de mesure et leur pertinence. Le but est de vous faire "entrer" dans le monde de la mesure, c'est essentiel pour comprendre les enjeux.

 


[2] Le jour des mesures, soit le 25 mars 2021

[3] Coordination genevoise Moratoire 5G - https://moratoire5g.ch/

Matériel utilisé et méthode

J'ai utilisé du matériel professionnel Gigahertz Solutions [4]. Le but était de réaliser des enregistrements sur plusieurs minutes plutôt que des mesures "à la volée". En effet, les intensités reçues sont très fluctuantes dans le temps.

J’ai mesuré la densité de puissance moyenne (RMS) [5] et la densité de puissance de crête (en µW/m2). Ces mesures peuvent être converties par calcul en champ électrique (en V/m).

Les mesures ont été réalisées jeudi 25 mars entre 14h30 et 15h15. Pour des précisions concernant celles-ci, veuillez consulter les annexes en fin d’article.

 


[5] RMS est le terme anglais pour signifier valeur moyenne. Le terme technique exact en français est valeur efficace. Puissance moyenne et puissance RMS sont des synonymes.

Différence entre densité de puissance moyenne et densité de puissance de crête

 

La puissance s’exprime en watt (W), alors qu’une densité de puissance s’exprime en watt par mètre au carré (W/m2). La densité de puissance exprime la puissance que reçoit un mètre carré de surface (celle d’une plante, d’un animal ou d’un humain, par exemple). Comme en médecine environnementale la densité de puissance est considérée comme significative à partir du microwatt par m2 (µW/m2), qui représente un millionième de watt de puissance reçue par m2 de surface, c’est l’unité adoptée par les organismes qui visent à appliquer le principe de précaution.

 

Pour ne pas alourdir les phrases, j’’utilise souvent dans cet article le terme de puissance au lieu de densité de puissance. Merci pour votre compréhension.

 

La densité de puissance de crête d’un signal électromagnétique est la puissance maximale émise pendant la durée d’une impulsion (notée "peak value" sur le schéma). Dans cet exemple, la puissance de crête vaut 10 µW/m2.

 

La puissance moyenne (RMS), c’est la moyenne dans le temps de la puissance instantanée reçue, en tenant compte des moments où il n’y a aucune émission (notée "avg. value" sur le schéma). Dans cet exemple, on voit qu’une impulsion est émise un pas de temps sur 10. La puissance moyenne reçue vaut ici 10 : 10 = 1 µW/m2.

 

Le rapport entre la puissance de crête et la puissance moyenne s’appelle le facteur de crête, qui est important pour les signaux fortement pulsés comme la 4G et la 5G. Ces facteurs seront calculés au cours de cette étude.

Dans cet exemple, le facteur de crête vaut 10 : 1 = 10.

 

 

Mesures en champ électrique ou en densité de puissance ?

 

Beaucoup d’appareils grand public affichent les résultats en unité de champ électrique, qui s’exprime en volt par mètre (V/m). Cela permet de comparer facilement les mesures avec les valeurs limites données par les organismes officiels.

Le matériel Gigahertz Solutions utilisé ici répond aux besoins de la Baubiologie [6], qui applique le principe de précaution. L’unité de mesure utilisée est donc la densité de puissance (en µW/m2). Dans ce rapport, nous indiquons souvent la valeur équivalente en champ électrique (V/m).[7]

 


[6] Baubiologie : https://baubiologie.fr/

[7] La densité de puissance P (en µW/m2) est proportionnelle, en champ lointain, au champ électrique E (en V/m) :

P =  (1000 E)2 / 377 

Résultats de mesures en 5G

Mesure de la densité de puissance moyenne (RMS)

 

Ici, j'ai mesuré la densité de puissance moyenne (RMS) pendant une durée de 2 minutes. Cette densité de puissance vaut 4,825 µW/m2 (soit un champ électrique moyen de 0,042 V/m).

 

La valeur paraît faible, on pourrait penser que tout va bien. Nous allons voir plus loin qu'il n'en est rien dès lors que l’on tient compte des puissances de crête.    

 

Remarque :

 

L’irradiation naturelle, dans la gamme de fréquences du Gigahertz, mesurée en 1920, était inférieure à 10 -18 W/m2/Hz. [8]

Chaque hertz de bande passante de "rayonnement naturel" émet moins d’un milliardième de milliardième de watt par mètre carré de surface ! À cette époque, la technologie des communications sans-fil en était à ses débuts. La bande passante de la téléphonie mobile pouvant être estimée à 1GHz : un niveau d’irradiation naturel sur toute cette bande passante conduit à une densité de puissance de 10-9 W/m2, soit 1 nW/m2 (1 nanowatt/m2).

 

10 µW/m2 (10 microwatt/m2), c’est déjà 10 000 fois le "bruit de fond électronique" naturel (sur la bande considérée de 1 GHz) : c’est pourtant un seuil jugé négligeable par les normes actuelles, mais pas selon le principe de précaution, comme cela est abordé dans les pages suivantes.

Mesure de la densité de puissance de crête

 

La mesure de la puissance de crête donne de tout autres résultats.

Cet enregistrement, qui a duré tout juste 3 minutes, montre que les puissances de crête ont atteint par deux fois 1045 µW/m2.

 

Sur cet enregistrement très court, les enfants peuvent donc avoir reçu deux pics d'intensité de valeur 1045 µW/m2 (soit un champ électrique de 0,62 V/m). Le résultat est très différent de la puissance moyenne, et l'on peut se questionner sur l'importance des facteurs de crête des signaux 5G.

La valeur moyenne des puissances crêtes atteint 188,55 µW/m2.

Le facteur de crête moyen peut être défini comme le rapport de la puissance de crête moyenne sur la puissance moyenne (RMS), ce qui donne : 188,55 : 4,825 = 39

La moyenne des puissances de crête est importante par rapport à la puissance moyenne (RMS). Ceci peut expliquer les symptômes des personnes en souffrance, malgré une irradiation plutôt faible selon la norme. Tenir compte seulement de la puissance moyenne tend à nettement minimiser l'impact sur les organismes.

Précision

On parle beaucoup actuellement de la 5G avec antennes adaptatives, dite 5G « fast ». Ces antennes auront des puissances de crête nettement plus importantes. Les mesures réalisées ici ont été faites avec des antennes conventionnelles, ce qui correspond à de la 5G « wide ».

Les nouveaux « facteurs de correction » autorisés par la Confédération suisse [9] sont en fait des facteurs de réduction qui permettent aux antennes adaptatives d’émettre une puissance de crête jusqu’à 10 fois plus forte (antenne 64T/64R) [10], sous prétexte que l’émission sur l’utilisateur sera discontinue.

Les valeurs limites à 5 ou 6 V/m pour les lieux à utilisation sensible pourront atteindre 16 à 19 V/m (respectivement) ! Dans la pratique, l'ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant (ORNI) [11] peut être considérée comme modifiée, dès lors que l’on tient compte des puissances de crête maximales.

 


[9] Office fédéral de l’environnement (OFEV) – Antennes adaptatives : https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/65394.pdf

[10] Avec une antenne adaptative à 64 sous-ensembles, dite antenne 64T/64R (64 voies d’émission et 64 voies de réception), le facteur de correction autorisé est de 0,10. Il permet de multiplier par 10 la puissance d’émission maximale.

[11] Ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant (ORNI) : https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/electrosmog/info-specialistes/mesures-contre-l-electrosmog.html

Faut-il se fier à la puissance moyenne pour interpréter les résultats ?

Reprenons le schéma du début

 

 

 

 

 

La puissance de crête (peak value) représente l’énergie que nous recevons pendant un bref instant, et pour prendre une image, l’impulsion électromagnétique (ou le paquet d’ondes) est comme un seau d’eau qui nous atteint brusquement.

La puissance moyenne, elle, pourrait ressembler à une pluie fine qui nous arrose constamment. À la fin, nous serons tout autant mouillés qu’avec le seau d’eau, mais pas de la même façon !

Considérer la puissance moyenne revient à lisser l’énergie reçue sans tenir compte des « chocs » électromagnétiques.

 

Comment les normes internationales ont-elles été établies ?

Les normes internationales se fondent sur la mesure de la densité de puissance moyenne reçue (RMS), parce que celle-ci permet de prévenir un échauffement excessif des tissus. Seuls les effets thermiques sont considérés.

Pour information, c'est l'ICNIRP [12], un organisme non gouvernemental agréé par l'OMS, qui propose des lignes directrices acceptées par de nombreux pays européens comme la France ou l'Allemagne, mais aussi la Suisse, dans une certaine mesure.

Les "niveaux de référence" [13] proposés sont donnés en valeurs moyennes (RMS) du champ électrique (V/m).

 

Niveaux de référence ICNIRP

 

Fréquence (MHz)

ICNIRP

Niveaux de référence
en champ électrique (V/m)

 

Densité de puissance équivalente (µW/m2)

700 MHz (4G, 5G)

36 V/m

3 500 000 µW/m2

800 MHz (4G)

39 V/m

4 000 000 µW/m2

900 MHz (2G, 3G)

41 V/m

4 500 000 µW/m2

1400 MHz (5G)

51 V/m

7 000 000 µW/m2

1800 MHz (2G, 4G)

58 V/m

9 000 000 µW/m2

2100 MHz (3G, 5G)

61 V/m

10 000 000 µW/m2

2600 MHz (4G)

61 V/m

10 000 000 µW/m2

3500 MHz (5G)

61 V/m

10 000 000 µW/m2

 

La réglementation Suisse (ORNI) est plus stricte, en fixant des valeurs limites nettement plus faibles pour les lieux à utilisation sensible (LUS) [14].

 

Valeurs limites pour les lieux à utilisation sensible en Suisse

 

Fréquence (MHz)

ORNI

Valeurs limites d’installation
en champ électrique (V/m)
Lieux à utilisation sensible

 

Densité de puissance équivalente (µW/m2)

700 MHz (4G, 5G)

4 V/m

42 440 µW/m2

800 MHz (4G)

4 V/m

42 440 µW/m2

900 MHz (2G, 3G)

4 V/m

 42 440 µW/m2

1400 MHz (5G)

5 V/m

66 312 µW/m2

1800 MHz (2G, 4G)

6 V/m

95 490 µW/m2

2100 MHz (3G, 5G)

6 V/m

95 490 µW/m2

2600 MHz (4G)

6 V/m

95 490 µW/m2

3500 MHz (5G)

6 V/m

95 490 µW/m2

Installations avec fréquences mélangées (cas le plus courant)

5 V/m

 

66'312 µW/m2

 

Pour les lieux jugés « non sensibles », l’ORNI a adopté les niveaux de référence ICNIRP.

 

Il est à noter qu'en France, quand des lieux sont exposés à des valeurs supérieures à 6 V/m, ils sont nommés points atypiques [15] et doivent être, selon la loi, corrigés. La France reconnaît implicitement qu'au-delà de 6 V/m, l'irradiation électromagnétique pose problème. Sinon, pourquoi réduire ?

 

Dans l’exemple du parc des Falaises, j’ai évalué la puissance moyenne à 4,825 µW/m2. Quelques minutes après, j’ai mesuré deux impulsions avec une puissance de crête atteignant 1045 µW/m2.

Le rapport, ou facteur de crête, s’est élevé à 1045 : 4,825 = 216. C’est considérable. Si on se limite à ne considérer que la puissance moyenne, le risque paraît modéré. Mais si on considère les puissances de crête, le risque augmente.

Le danger réside peut-être là : des puissances de crête pouvant atteindre des valeurs importantes, avec de faibles puissances moyennes qui cachent la réalité.

D’une façon générale, la mesure de la puissance moyenne escamote les puissances maximales reçues, lesquelles sont des indicateurs bien plus significatifs concernant les effets non thermiques.

 


[12] https://www.icnirp.org/ : L’ICNIRP, ou Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants est une organisation privée agréée par l’OMS. Les « lignes directrices » définies par l’ICNIRP sont remises en question par une part importante de la communauté scientifique car elles ne s’intéressent qu’aux effets thermiques dus à de fortes expositions aux radiofréquences, et ce pour une exposition limitée à 6 minutes. L’ICNIRP rejette les milliers d’études scientifiques montrant des effets biologiques non thermiques pour des expositions à des rayonnements de faible intensité.

[13] https://www.icnirp.org/cms/upload/publications/ICNIRPemfgdlfr.pdf : Les « niveaux de référence » donnés par l’ICNIRP visent exclusivement à limiter les effets thermiques.

Le principe de précaution selon la Biologie de l'habitat et l'Académie européenne de médecine environnementale

Nous allons maintenant nous placer selon le point de vue de deux organismes qui défendent le principe de précaution :

·       La Baubiologie, une discipline qui définit différents critères pour créer un cadre de vie "sain, naturel, durable et beau", incluant la réduction de la pollution électromagnétique.

·       L'Académie européenne de médecine environnementale (EUROPAEM) [16], constituée de médecins de médecine environnementale, qui a pour objectif la protection préventive de l'environnement, en s'intéressant en particulier à la pollution électromagnétique.

 

Ces deux organismes ont donné des recommandations pour prévenir ou traiter les problèmes de santé en lien avec les champs électromagnétiques. Ces recommandations ne concernent jamais les puissances moyennes (RMS), mais toujours les puissances de crêtes.

Pourquoi ? La puissance moyenne permet de seulement prévoir l'échauffement des tissus, et donc uniquement les effets thermiques. Comme de nombreux effets non thermiques ont été démontrés par la science, les niveaux de référence ICNIRP, qui ne tiennent compte que des effets thermiques, sont insuffisants.

La prise en compte des puissances de crête est un bien meilleur marqueur pour tenir compte des effets cellulaires pour les expositions chroniques de faible intensité.

Pour reprendre l’image de l’eau, une fine pluie qui vous mouille continuellement représente la puissance moyenne, alors que la réception de la même quantité d’eau sous forme de seaux d’eau brusquement versés représente les puissances de crête. Et dans la réalité, nous ne recevons pas une puissance moyenne en continu, nous recevons bien des séries d’impulsions électromagnétiques, certaines puissantes au regard de la physiologie humaine. Cette situation s’aggravera avec la 5G à antennes adaptatives (5G « fast »).[17]

 

Recommandations de la Baubiologie et de l'Académie européenne de médecine environnementale

Les recommandations de ces organismes sont fondées sur les résultats de la recherche indépendante et sans conflit d’intérêts :

 

Valeurs de précaution en Baubiologie concernant les zones de repos et de sommeil [18] :

 

Non significatif

Faiblement significatif

Fortement
significatif

Extrêmement significatif

 

Densité de puissance :

< 0,1µW/m2

0,1 µW/m2
10 µW/m2

10 µW/m2
1000 µW/m2
 

> 1000 µW/m2

 

Intensité de champ électrique :

< 0,006 V/m

0,006 V/m –
0,061 V/m

0,0061 V/m –
0,61 V/m

> 0,61 V/m

 

 

Valeurs de précaution de l'Académie européenne de médecine environnementale pour les durées prolongées (> 4h/jour)

Intensité électromagnétique

Exposition de jour

Exposition de nuit

Personnes sensibles

TNT (télévision)

1000 µW/m2

(0,6 V/m)

100 µW/m2

(0,2 V/m)

10 µW/m2

(0,06 V/m)

2G/3G/4G

100 µW/m2

(0,2 V/m)

10 µW/m2

(0,06 V/m)

1 µW/m2

(0,02 V/m)

DAB+ (radio numérique)

Pulsé à 10,4 Hz

10 µW/m2

(0,06 V/m)

1 µW/m2

(0,02 V/m)

0,1 µW/m2

(0,006 V/m)

Wi-Fi 2,4 / 5,6 GHz
Pulsé à 10 Hz

10 µW/m2

(0,06 V/m)

1 µW/m2

(0,02 V/m)

0,1 µW/m2

(0,006 V/m)

 

Ces organismes n'ont pas encore statué sur les valeurs de précaution concernant le rayonnement de la 5G.

 

On constate donc que les valeurs de précaution de ces organismes sont aux antipodes des niveaux de référence ICNIRP, et dans une moindre mesure des valeurs limites de l’ORNI pour les lieux à utilisation sensible (LUS).

Ces recommandations sont tellement différentes que cela suscite l’incompréhension. Pourtant, les lignes directrices de l’Académie européenne de médecine environnementale ont été établies par une équipe composée essentiellement de médecins de médecine environnementale et de chercheurs réputés [19] : leur crédibilité est difficilement contestable.

Pour ces deux organismes prônant le respect du principe de précaution, la valeur seuil en densité de puissance de crête à ne pas dépasser la nuit pour un public sensible se situerait entre 0,1 µW/m2 et 10 µW/m2.

À l’opposé, l’ICNIRP propose des valeurs de référence en champ électrique à ne pas dépasser situées entre 36 V/m et 61 V/m selon les fréquences, ce qui correspond à des densités de puissance moyenne situées entre 3 500 000 µW/m2 et 10 000 000 µW/m2.

 

Le rapport entre ces deux types de recommandations est de l’ordre de grandeur du million. Comment expliquer cette extrême divergence de vues ?

En niant les effets non thermiques de l’exposition aux radiofréquences, l’ICNIRP se permet de maintenir des valeurs limites très importantes. Or, de nombreux membres de l’ICNIRP sont des chercheurs à conflits d’intérêts potentiels, car leurs recherches sont ou ont été partiellement financées par l’industrie.

L’ICNIRP elle-même est financée de façon indirecte par l’industrie.[20] Il paraîtrait donc logique que l’OMS crée un nouveau groupe de travail sur les champs électromagnétiques, composé de chercheurs indépendants de l’industrie, ce qui aboutirait vraisemblablement à l’établissement de nouvelles valeurs limites.

 


[16] Académie européenne de médecine environnementale : https://europaem.eu/attachments/article/124/EUROPAEM_EMF_Guideline_2016_French.pdf

[17]  Antennes adaptatives & Facteur de réduction : https://www.stop5g.ch/5g-facteur-de-reduction

[18] Valeurs indicatives pour les zones de repos : https://baubiologie.fr/IMG/pdf/valeurs_sbm-2015_fr.pdf

[19] Igor Belyaev : Académie slovaque des Sciences – Institut de recherche sur le cancer, département de radiobiologie – 129 publications - https://www.researchgate.net/profile/Igor-Belyaev

Michael Kundi : Université médicale de Vienne – Directeur de l’Institut de santé environnementale – 200 publications - https://www.researchgate.net/profile/Michael-Kundi

[20]  Les deux députés européens Klaus Buchner et Michèle Rivasi ont enquêté sur les nombreux conflits d’intérêts potentiels au sein de l’ICNIRP et aussi sur son financement : « Conflicts of interest, corporate capture and the push for 5G » -

https://klaus-buchner.eu/wp-content/uploads/2020/06/ICNIRP-report-FINAL-JUNE-2020.pdf

Interprétation selon le principe de précaution

 Je propose maintenant d'interpréter les résultats de mesure au Parc des falaises selon le principe de précaution.

Les puissances de crêtes les plus fortes mesurées pendant 3 minutes ont montré une densité de puissance maximale de 1045 µW/m2, soit 0,62 V/m de champ électrique équivalent.

Selon la Baubiologie, une puissance reçue de 1045 µW/m2 est jugée extrêmement significative.

Selon l'Académie européenne de médecine environnementale, 1045 µW/m2 sort des recommandations de jour et de nuit pour la téléphonie mobile.

Selon la Baubiologie, le principe de précaution serait respecté pour des puissances maximales de 10 µW/m2 (soit un champ électrique maximal de 0,061V/m).

Selon l'Académie européenne de médecine environnementale, le principe de précaution serait respecté pour des crêtes maximale de 1 µW/m2 pour les populations sensibles, ce qui est le cas des enfants en pleine croissance.

Selon le rapport BioInitiative 2012 [21], issu de scientifiques indépendants et d’experts de la santé, les valeurs de précaution se situent à des puissances de crête comprises entre 3 µW/m2 et 6 µW/m2.

Ces 3 organismes aboutissent à des conclusions similaires, à savoir que les seuils de précaution se situent à des densités de puissance très faibles, dans la gamme des µW/m2.

 

L’exemple du parc des Falaises montre que le principe de précaution n’est pas respecté, en tenant simplement compte de l’irradiation en 5G.

 


[21] Le Rapport BioInitiative 2012 a été réalisé par 29 scientifiques indépendants et experts de la santé de 10 pays : https://bioinitiative.org/

Mesures 3G/4G vs mesures 5G

J'ai réalisé également des mesures au même endroit et à la même heure en 3G/4G pour faire des comparaisons d'intensité. Je voulais savoir ce qui occasionnait le plus de flux électromagnétique et si la 5G montait en puissance par rapport aux autres technologies.

Mesure de la densité de puissance moyenne pour les fréquences entre 27MHz et 3,3 GHz (tout sauf la 5G)

 

J'ai mesuré ici la densité de puissance moyenne (RMS) pendant une durée de 2 minutes de l'ensemble du spectre, excepté la 5G. La densité de puissance moyenne a été mesurée à 173 µW/m2 (et un pic à plus de 620 µW/m2)

 

Comparaison : la moyenne de la densité de puissance RMS de la 5G a été évaluée à 4,825 µW/m2.  Le rapport des contributions respectives en puissance moyenne entre la 5G et le reste du spectre vaut 4,825 : 173 = 0,0279 = 2,79 %.

 

Quantitativement, du point de vue des puissances moyennes, la contribution 5G est très faible au parc des Falaises (< 3%).

 

 

Mesure de la densité de puissance moyenne (RMS) à 2100 MHz (3G)

Ayant constaté que la fréquence prépondérante se situait à 2100 MHz (3G), j'ai décidé de réaliser un enregistrement spécifique à cette fréquence.

 

La puissance moyenne à 2100 MHz, pour cet enregistrement de 2 minutes, est de 41 µW/m2.

 

La contribution 3G est environ 8,5 fois plus forte que la contribution 5G, pour la puissance moyenne.

 

 

Mesure de la densité de puissance de crête à 2100 Mhz (3G)

 

Toujours à la même fréquence 2100 MHz (3G), j'ai enregistré la puissance de crête du signal. Cet enregistrement de deux minutes nous montre des valeurs crêtes fluctuantes, avec un maximum à 6500 µW/m2.

 

Comparaison

 

En termes de puissance de crête maximale, on a mesuré 1045 µW/m2 en 5G et 6500 µW/m2 en 3G. Le calcul du rapport donne 1046 : 6500 = 0,16.

Autrement dit, la contribution 5G en puissance de crête maximale vaut 16 % de la contribution 3G : ce n'est plus du tout négligeable.

 

Comparaison des facteurs de crête moyens

 

En 3G, la moyenne des valeurs crêtes vaut 915 µW/m2.

 Le facteur de crête moyen pour la 3G vaut 915 : 41 = 22

 

Par comparaison, le facteur de crête moyen pour la 5G vaut 39, soit environ 2 fois plus. La 5G, sur la base de ces mesures, apparaît plus fortement pulsée que la 3G.

Conclusion

 

Les mesures réalisées au parc des Falaises montrent une irradiation en puissance moyenne assez faible pour la 5G, de l’ordre de 4,825 µW/m2. Dès lors que l’on mesure les puissances de crête, on s’aperçoit qu’en trois minutes il y a eu deux pics à 1045 µW/m2.

 

Selon trois d’organismes indépendants (Baubiologie, Académie européenne de médecine environnementale, rapport BioInitiative 2012), il faut considérer les puissances de crête, et pas les puissances moyennes, pour établir des recommandations.

Selon ces organismes, le principe de précaution n’est pas respecté dès que l’on dépasse quelques µW/m2. Rien que pour la 5G, le principe de précaution n’est pas respecté au parc des Falaises.

Les mesures réalisées sur tout le spectre (5G exceptée) ont montré une puissance moyenne de 173 µW/m2. Or, des études assez récentes sur les antennes-relais montrent des effets biologiques et sanitaires pour des niveaux d’exposition situés entre 26 µW/m2 et 424 µW/m2 de puissance moyenne (équivalents à un champ électrique compris entre 0,28 et 0,43 V/m). [22]

 

On est donc en droit de penser que les enfants subissent des effets biologiques et sanitaires quand ils jouent dehors au parc des Falaises, à cause de l’exposition aux antennes-relais émettant en 3G, 4G et 5G.

 

Selon le professeur Christopher Portier, expert en santé environnementale [23] : "Il existe suffisamment de preuves pour suggérer que le stress oxydatif et la génotoxicité sont tous deux causés par l'exposition aux radiofréquences et que ces mécanismes pourraient être la raison pour laquelle les radiofréquences peuvent induire des cancers chez l'homme". [24]

Le stress oxydatif est l'agression chimique des organismes par les radicaux libres, il conduit au vieillissement prématuré et est impliqué dans de nombreuses maladies. La génotoxicité est la capacité de causer des dommages au matériel génétique par des agents physiques, chimiques ou biologiques. Les radiofréquences endommagent notre ADN. De plus, les enfants sont plus vulnérables car les radiofréquences pénètrent plus profondément dans leur cerveau. [25]

La 5G en Suisse n’en est qu’à sa première étape, la 5G « wide » avec antennes conventionnelles. La seconde étape sera la 5G « fast » avec antennes adaptatives, qui seront autorisées à émettre des puissances de crête jusqu’à 10 fois plus intenses (pour les antennes 64T/64R). Les opérateurs prévoient encore de nombreuses étapes, comme la 5G millimétrique, avec des antennes miniatures tous les 100 m et dont les fréquences débutent au-dessus de 24 GHz. Leur utilisation doit encore être décidée par le Conseil fédéral. [26]

Des milliers de satellites sont également prévus en orbite basse [27], qui nous permettraient d’accéder à Internet « everywhere » mais qui nous imposeraient aussi une irradiation 5G « everywhere » !

Au-delà des nombreux électrosensibles qui nous avertissent déjà que c’est « beaucoup trop », c’est la vie elle-même qui est menacée par ce délire technologique dont nous n’avons pas besoin.

 

Ce dont nous avons besoin, c’est d’une vie saine en lien avec la nature. Ce dont nous avons besoin, c’est de vraies relations humaines sans écrans interposés. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une vie plus simple.

 

Alexis Le Moal

Ingénieur Cnam

Consultant en environnement électromagnétique

harmonia-dynamis.ch

 

 

Remerciements

 

Un grand merci à Jean-Daniel Zeller, de l’association « 5G Moratoire pour la Suisse » pour la relecture, les demandes de clarification, les conseils, et l’aide à la mise en forme.